Notre voiture a été incendiée. La veille, des voitures avaient déjà été brûlées à quelques centaines de mètres de chez moi. On s'attendait à ce qu'ils renouvellent leurs conneries le lendemain, mais on n'imaginait pas qu'on en serait les victimes. Je suis tellement désespérée de voir comment les cités s'autodétruisent. Je ne partage aucune forme de sympathie envers ceux qui osent s'en prendre à des personnes qui sont déjà fragilisées, y compris lorsqu'elles font partie de ma communauté. Mais le fait est que, justement, on appartient à la même communauté. Ce n'est pas seulement une question de race (au sens de classe), mais aussi d'une condition socio-économique partagée. Et donc, autant je condamne ces imbéciles, autant je sais que la faute reviendra toujours ultimement à un Etat qui rend possible ce genre d'aberrations. L'insécurité, c'est un fait, et je ne laisserai jamais ceux qui n'habitent pas les cités en diminuer l'ampleur. Le problème c'est que certains (la droite et l'extrême droite) croient que c'est par la répression qu'elle se résoudra (et accessoirement, ils instrumentalisent ce sentiment pour diffuser leur idéologie raciste en essentialisant ces comportements). Mais la réalité nous montre que c'est absolument inefficace. Des opérations policières de grande envergure ont déjà été menées pour soi-disant "sécuriser" (mais nous savons tous que l'objectif est purement punitif) les quartiers difficiles de ma ville. Bilan : les points de deal ont été légèrement déplacés, les conflits armés ont repris progressivement, et les victimes continuent de se multiplier. Ce qu'il faut, c'est donner aux générations futures les moyens d'éviter d'être aussi pathétiques que leurs aînés. Cela passe bien évidemment par l'éducation, avec des interventions très tôt à l'école pour sensibiliser les enfants, mais ce qu'il nous faut avant tout ce sont des conditions de vie dignes pour toutes et tous. Parce que quand on n'a déjà rien à perdre, on n'éprouve pas de regret à détruire le peu qu'on a.
C'est bien modeste comme demande. Et pourtant.