[FR] 13 novembre 2024

I

Être patiente et accepter l’état des choses. La lutte ne passe pas toujours par l’action. Parfois, il suffit d’observer avec attention, c’est-à-dire avec amour.

Je me sens mal. Je me sens triste. Je me sens nulle. Je me sens inutile. Je ne sais rien faire. Je suis conne. Je suis inutile. Je ne mérite rien de bon ni de beau. Je suis vouée à la souffrance. Je suis dégueulasse, je suis sale, je ne veux pas qu’on me touche, qu’on me parle. Tu es moche. Tu es conne. Tu es une pleurnicheuse. Je suis si pathétique. Je ne mérite pas d’avoir des amis. Je mérite d’être seule, de pourrir dans ma chambre crade à petit feu. Je vais m’isoler. Je vais couper tous les ponts. Je vais cesser de me nourrir. Je vais me priver de lumière et de douceur. Je vais laisser la tristesse me bercer jusqu’à ce que mon cœur en soit consommé. Je n’ai plus de force. Je suis faible. Je suis faible.

Il ne faut pas entendre : je crois que ce que je pense est vrai. Il faut entendre : aïe.

Ce ne sont pas des descriptions de la réalité. Ce sont des cris de douleur. J’ai mal.


II

C’est un accès de tristesse, et ils sont devenus temporaires. Lorsque j’en ai, je perds la notion du temps. Ce qui existe, c’est le présent. Le passé et le futur n’existent pas, n’existent plus. Il n’est plus possible de relativiser. Je suis plongée dans un désespoir sans nom, et personne, je pèse mes mots, personne ne peut imaginer à quel point c’est douloureux. A chaque fois, je me demande si je vais en mourir. Ma douleur est si grande, qu’elle n’est plus seulement psychique. C’est tout mon corps qui crie. Je veux m’ôter la douleur, je veux m’ôter la vie. Je ne peux même plus me lever. Et si je pouvais me lever, je brûlerais le monde entier avec la rage qui m’anime. Je veux casser le monde casser mon corps. Je suis épuisée.


III

Plus tard : on revient à la cause. La cause est : une mauvaise note, une remarque désobligeante de la part d’une inconnue, une blague ambigüe. La cause est : un énième rappel de ma valeur. Toutes ces choses portent l’écho des coups que j’ai reçus dans mon enfance. Et pourquoi passer par des détours ? Que l’on me frappe directement. Je vais le faire moi-même.


IV

Maintenant j’ai la nausée. Je sais que ça va se finir, je sais que mes émotions vont s’estomper, je sais que ces pensées ne sont pas les miennes, je le sais et je ne le sais pas. Je vais m’endormir.